2000

ENLEVER À LA VIE SES ÉPINES

Les ruses de Joseph Roth

"Surmonter les problèmes, pouvoir vivre de la meilleur manière, c'était cela qu'avec des ruses faisait Joseph Roth "en ôtant à la vie son épine". Car souvent, il avait du mal à distinguer entre poésie et réalité et ce qui se dégageait de cette confusion. Mais dans sa vie, il réussissait à surmonter les plus grands bouleversements et, puisqu'il ne supportait pas le monde tel qu'il était, il devait le replier à sa façon. Il voulait être parfait. Depuis son enfance, son souhait le plus cher était de se cacher derrière un casque qui le rende invisible et rester ainsi dans la lutte. Donc, son ambition lorsqu'il était un étudiant de lettres germaniques est devenue celle de l'expérimentation pour se "tricoter" élégamment un habit d'homme du monde.

Sa vie durant, le poète et journaliste autrichien, avec le plus divers moyens, arrivait à cacher, à lui même mais aussi aux autres, les insuffisances du monde. Et, puisque les moyens matériels lui manquaient, il a trouvé la "Formule adroite" qui, comme il disait, lui permettait, réellement, d'être un artisan de l'homme de lettres et de l'imposture. Ambitieux et doué pour Les Lettres, il accéda, d'abord, au journalisme pour atteindre, ensuite, la littérature. Il ne voyait pas de fossé entre l'un et l'autre et se nommait volontiers "un chroniqueur littéraire". Bien entendu, ses qualités innées ne lui suffisaient pas et il s'en créait toujours des nouvelles. Il vécu toujours dans l'autocréation du MOI et cela devint vrai et toujours de plus en plus. La création de ce MOI fut pour lui une nécessité comme, aussi, la production littéraire. Il se peaufinait lui-même comme il peaufinait sa production. Toux deux devait être parfaits et, dans ses dernières années, le désir irréalisable de cette double perfection et sa propre insuffisance se nourrissaient, en se ruinant, par l'alcool. Duper la vie, "lui ôter l'épine du pied", la réussite de Joseph Roth fut uniquement apparente.

AVEC LES VOIX DE	Marianne Mosa, Wolfgang Condrus, Peter Lieck, Helmut Vogel, Hort H. Vollmer, Charles Wirths, Helmut Wöstmann
MUSIQUE	Mistinguette, Richard Strauss, Franz von Suppé, Arnold Schönberg, Fred Markush, Robert Stolz, Franz Mück, Berthold Goldschmidt, Finlay, V. Scotto, Géo Koger, Serge Prokofieff, Paul Hindemith, Karl Amadeus Hartmann
RÉGIE	Harald Koerner
INGÉNIEUR DU SON	Andra Mammitzsch, Regine Schneider
RÉDACTION	Gerhard Adler
DURÉE	85 minutes
PREMIÈRE ÉMISSION	21/1/2001 SWR RadioArt "Feature am Sonntag"
D'AUTRES ÉMISSIONS	14/3/2004 SWR RadioArt "Feature am Sonntag"